Cette conférence était attendue par les nostalgiques du Royaume de France : peut-il revenir ?
Probus ROMAE AETER, malgré son imposante stature issue des steppes eurasiatiques les plus rudes, est délicat. Il commence son exposé en dressant point par point les indicateurs du déclin de Rome, insistant sur le caractère artificiel des repères utilisés aujourd'hui. 476 ap J.C est pour l'étudiant studieux la date de la chute de l'Empire romain d'Occident, mais pour les contemporains des événements cette date n’est ni plus ni moins qu’un matin de plus dans leur époque…en déliquescence.
Quelles sont les symptômes du mal qui a atteint Rome ? Probus en détaille cinq, issus de sa lecture assidue de Gibbon Histoire du déclin et de la chute de l’empire romain.
1. Égalitarisme, démission de la noblesse, généralisation de l’esprit marchand. La noblesse a un rôle structurant dans une société. Elle est gardienne de l’ordre qu’elle a établi depuis son installation sur un territoire et qu’elle a peu à peu fait sien depuis plusieurs générations. Elle est vecteur de transmission et de hiérarchie. Elle est capitaine de vaisseau au sens où elle est la tête de la société dont elle est responsable et c’est à travers elle que les historiens apprécient l’état et la physionomie d’une société dans l’histoire. A Rome, l’abolition progressive de toute hiérarchie et une forme d’égalitarisme vont bouleverser l’ordre strict régissant l’empire, et favoriser le chaos à l’origine de sa chute. La fameuse légion romaine dont la géométrie expliquait son efficacité sera naturellement défaite par le chaos barbare. Le devoir des nobles et leur exigence vont être littéralement troqués, vendus, contre les onguents et parfum venus d’Orient. Le confort, la beauté, la richesse sont désormais l’étalon de la réussite. La citoyenneté romaine autrefois chasse gardée des meilleurs peut désormais être acquise par tous.
2. Généralisation de la citoyenneté romaine. C’est cette fameuse citoyenneté romaine qui fit également la dignité de Paul de Tarse, saint Paul, qui exigea le privilège romain de la condamnation à mort par l’épée. Avec l’égalitarisme et la démission d’un ordre hiérarchique, la citoyenneté devait naturellement être accessible à tous. Là où la rareté met en compétition les meilleurs, la banalité rend le bien vulgaire et quelconque. La citoyenneté romaine autrefois titre de gloire devient titre de propriété. Elle ne correspond plus à un devoir consciencieusement rempli au fil des générations, mais devient une opportunité pour tout sujet de l’empire de bénéficier de la gloire de Rome. Peut-être cela aura-t-il eu le mérite d’incorporer d’autres citoyens à l’effort de la guerre ? Surtout pas. Cet effort, on le délègue.
3. Délégation de l’esprit guerrier. La guerre n’est désormais plus le fait de Rome mais est déléguée à d’autres. On admire avec quelle mécanique la forteresse romaine s’effondre de part en part : démission de toute noblesse, banalisation de la citoyenneté, refus du devoir militaire délégué à d’autres. Qu’est-ce que l’Empire Romain est-il en train de devenir sinon un vaste territoire de libre-échange, pour ne pas dire de libre échangisme, où la préciosité des tissus et le parfum enivrant des lotions remplacent le lourd devoir collectif de bâtir et exporter une civilisation puissante. La virilité, au sens de « vir » : le courage au combat, devient désormais jalousie concurrente d’étals remplis de produits de luxe et de consommation. L’effet est immédiat : l’Empire se féminise.
4. Féminisation. Le légionnaire romain et sa ration quotidienne de 1,5 kg de blé se transforme peu à peu en créature éthérée qui cherche les vapeurs des bains, la reconnaissance des forums et les tailleurs de renom. On passe de la cage aux lions à la cage aux folles. « Nous façonnons les lieux et les lieux nous façonnent » : les hauts faits de Rome qui ont été à l’origine de son expansion sont désormais l’objet de tous les discours et dissertations politiques, c’est-à-dire bavardes. Pendant ce temps à l’étranger on n’est pas dupes : l’empire est devenu un géant aux pieds de ballerine. Il est temps d’en récupérer les attributs rangés dans des musées gardés par des eunuques.
5. Invasions barbares. Huns, lombards, wisigoths, ostrogoths, francs, vandales, suèves, autant de noms qui détrousseront l’empire de part en part sous les cris stridents des romains qui se mettent désormais sous la protection de certains envahisseurs pour se protéger des autres. L’historien moderne refuse toutefois de parler des invasions barbares. Il préfère parler de : « migration des peuples »…
Effrayant. Le parallèle avec notre temps n’aura pas échappé à l’esprit lucide.
Face à la barbarie qui s’enracine en France et au délitement consécutif qu’elle installe, on choisira comme au temps des grandes invasions : de redorer l’esprit de combat et de culture, au sein de petites communautés autonomes et solidaires, qui cherchent encore à préserver ce qui est humain jusqu’à ce que renaisse une nouvelle civilisation digne de porter à nouveau l’étendard Européen et Chrétien tel le saint Graal dont dépend le sort du monde.
